J’ai testé une collecte de mégots avec MéGO! et ARA Hôtel
Je suis place Sainte-Anne. Seule. Il y a des mégots par milliers. Ecrasés, incrustés entre les joints des pavés. Je gratte le mortier. Je m’abîme les ongles. Je continue malgré tout. Les filtres de cigarettes se désagrègent dès que j’arrive à les attraper. Et ma bouteille en plastique – réceptacle à mégots – reste vide… Pourtant il y en a tellement à ramasser que je ne sais plus où donner de la tête.
Je ne me décourage pas. Je les ramasse les uns après les autres consciencieusement. Je me tourne et me retourne, il y en a toujours des nouveaux qui apparaissent. Je suis maintenant rue de Lafayette. Il se met à pleuvoir. Je me sens vide et seule. Il pleut de plus en plus fort et je m’aperçois que l’eau de pluie entraîne dans les rigoles les centaines de bouts de clopes que je n’ai pas réussies à ramasser. Je cours vers le pont habité, quai de Cornouaille. La rivière L’Elorn est immobile et sombre, morte asphyxiée sous une épaisse couche de mégots mouillés et agglomérés, là, pour toujours. L’ho-rreur !
« Sophie, Sophie, réveille-toi ! C’est le Jour-J …… [Ouverture des volets roulants]…………. Et il pleut des cordes ! Hé hé. »
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !
Heureusement, tout ceci n’était qu’un affreux cauchemar car la journée – même s’il a plu sans discontinuer et venté de manière frontale ou latérale (tellement agréable…………) – a été riche en actions et en émotions ! Une dizaine de personnes s’est réunie à 15h en centre-ville de Landerneau, remontée à bloc pour quadriller la ville en long, en large et en travers, et traquer le moindre filtre de cigarettes, le plus microscopique des emballages plastiques (comme les ShokoPasBons de FerreroLand Argh !). Nous avons pu compter sur la famille, les amis, quelques #ecowalkeurs de la première heure, ainsi que des bénévoles dépêchés par l’entreprise blanc-bourgeoise de tri et recyclage MéGO! et l’hôtel landernéen citoyen et solidaire ARA Hôtel.
Quatre groupes ont été constituées – histoire de ne pas marcher sur les mêmes plates-bandes – puis c’était parti pour deux heures de folie de ramassage de clopes et déchets en tout genre, entremêlées de conversations « existentielles » pour certains (Ainsi, je connais maintenant par cœur le dernier épisode de Noël de la série Les Mystères de l’Amour…) et de blagues mignonettes pour d’autres (« C’est l’histoire d’un têtard qui croyait qu’il était tôt, alors qu’il… était tard. Mouhaha ! »). Finalement, le temps est passé vite.
Le regard bienveillant des passants rencontrés au hasard des rues m’a mis du baume au cœur. Je garde le souvenir d’un (beau ^^) jeune homme qui m’a dit « bonjour » en souriant. BONJOUR ! Vous vous rendez compte ?! Un autre qui a ouvert sa fenêtre d’appartement pour nous encourager (sans malice) ou cette autre dame pour nous donner son grand gobelet déjà rempli de mégots. Et puis, enfin, cette personne âgée, toute pliée et fripée, souriante et amusée, observant Aurélie glissant sa main dans un avaloir au risque de se la coincer… La p’tite femme toute pliée et fripée et moi-même te remercions Aurélie d’avoir empêché que l’Elorn ne se transforme en horrible cendrier géant et puant !
A 17h, avec les trois autres groupes, nous avons fait le bilan de notre collecte et de nos rencontres fortuites. Bastien Lucas, le gérant d’Eco Action + et de sa petite sœur MéGO!, a déchargé de sa camionnette le grand réceptacle à mégots gradué et transparent qui permet de mesurer l’effort accompli par le groupe. « Très jolie performance ! Vous avez collecté près de 5000 mégots. » Nous annonce-t-il fièrement. Applaudissements, embrassades générales. Quelques badauds demandent des explications à Bastien qui est ravi de leur expliquer l’objectif de son entreprise.
Solène Lagathu, gérante de l’hôtel ARA et joyeuse participante de la collecte, nous invite pour un goûter dans son établissement. Et je dois dire que cela a été GRAAANDEMENT apprécié de pouvoir s’assoir et se réchauffer dans les canapés cosy de l’hôtel, en se sustentant de pains au chocolat, palets bretons bio et boissons chaudes.
Nelly m’a téléphoné hier pour me dire son outrage : « Je marchais le long de la rue Gaston de L’Hôpital (zone du Lec) cet après-midi. Mama ! Si tu voyais le nombre de bouteilles en plastiques jetées sur la voie publique ! Spécialement en face de l’Orange Bleue. C’est une honte. Tous sportifs mais pas tous écolos apparemment. Les gens ont vraiment besoin d’être sensibilisés ! »
Je crois bien que Nelly a attrapé le virus écolo ! La suite au prochain numéro, certainement avec Solène, Aurélie, Bastien et les autres… et VOUS ! on espère.
Merci encore à nos partenaires de collecte :