J’ai testé l’expo Mitchell et Riopelle au FHEL
Comme toujours lorsqu'il s'agit d'art contemporain, je vous recommande de vous faire accompagner par un guide. Ce n'était pas mon cas lors du vernissage de l’expo Mitchell – Riopelle : un couple dans la démesure, donc ce qui suit est purement subjectif !
L'exposition proposée a tout pour me plaire : les grands formats, la matière généreuse, les gestes spontanés, les couleurs travaillées... Et, en toile de fond une histoire d'amour qui *** spoiler *** finit mal.
« Ce qui m’excite quand je peins, c’est ce qu’une couleur fait à une autre et ce qu’elles font toutes les deux en termes d’espace et d’interactions. »
Joan Mitchell
Joan Mitchell est une Américaine coming from the windy city, Chicago. Elle grandit au sein d'une famille aisée, dans un contexte artistiquement stimulant. Son père l'emmène souvent à l’Art Institute of Chicago où elle découvre admirative quelques unes des œuvres de Paul Cézanne : "sa véritable source d’inspiration."
C'est en 1955, à l'âge de 30 ans, que la peintre déjà confirmée rencontre plusieurs artistes lors d'un séjour à Paris, parmi lesquels le Canadien Jean-Paul Riopelle. C'est le coup de foudre ! Riopelle quitte sa femme pour s'installer avec Mitchell, rue Frémicourt à Paris.
Ils s'aiment, ils s'admirent et s'inspirent, s'influencent. Ils s'agacent aussi, s'engueulent de plus en plus souvent et violemment. Après 25 ans de vie commune, à bout de souffle et de respect l'un pour l'autre, ils se quittent. Joan est meurtrie. Jean-Paul était un expérimentateur : empâtements, projections, couteaux, spatules... Lithographie, estampe, céramique... Elle n'a pas pu l'empêcher d'aller voir ailleurs !
Je serais assez curieuse de revoir l'exposition en compagnie de ma copine Annaïg, art-thérapeute, pour avoir son analyse sur les tableaux, notamment sur la place accrue du blanc dans les productions de Joan Mitchell.
Que ce soit chez Riopelle ou Mitchell, j'aime ce choix des immenses formats, parfois en polyptyque, qui tient certes le spectateur à distance, mais en même temps permet une immersion totale dans l'imaginaire joyeux ou angoissant des artistes. Je me suis plongée à corps perdu dans ces paysages abstraits, généreux, colorés, vivants au delà des cadres...
Peu après leur rupture, Joan exalte son profond sentiment d’abandon et de trahison dans un imposant polyptyque, qu’elle intitule ironiquement, La Vie en Rose. Un tableau apocalyptique, à la gestuelle plus que jamais « enragée ».
Joan Mitchell meurt en 1992 des suites d'un cancer généralisé. La même année, Jean-Paul Riopelle peint Hommage à Rosa Luxembourg, une immense fresque en 30 panneaux qui raconte en grande partie sa vie avec l'artiste américaine.
Exposition inédite
Une soixantaine d’œuvres majeures teintées de passion amoureuse. Visible jusqu'au 22 avril 2019.