J’ai testé L’Assemblée des Femmes d’Aristophane interprétée par la troupe de théâtre La Grande Carriole
Je ne m’étais jamais intéressée à la pièce L’Assemblée des Femmes, écrite en -392 par le poète grec Aristophane avant de la voir jouée à la sauce western par la troupe de théâtre La Grande Carriole. J’ai beaucoup aimé leur prestation : le décor, les costumes (les barbes des femmes et les chemises de nuit des hommes), la musique live, les comédiennes qui sortent de scène comme pour vous inclure dans leur assemblée de femmes, vous associer à leurs revendications, les expressions francosaxones à la queue-leu-leu (prononcée à la quiou-loulou), les comiques de situation où d’aucuns peuvent s’y retrouver (les troubles gastro-intestinaux ou encore les « mochard.e.s » qui ne vous lâchent pas !) et l’apothéose finale en forme d’Agora Party Feat. Dionysos : chaud !!!
La pièce m’a tellement plu que j’ai effectué quelques recherches sur la version originale de L’Assemblée des Femmes, celle qui se situe dans la Grèce Antique. Déjà, il faut savoir que la traduction du titre de cette comédie ancienne est un contre-sens. La pièce devrait s’intituler « Les femmes qui siègent à l’Assemblée (= Ecclésia) » et non « L’Assemblée des femmes ». A l’époque d’Aristophane, les femmes n’avaient pas le droit de vote. Dans sa pièce, les femmes empruntent les vêtements de leurs maris pour aller à l’assemblée d’Athènes et voter en nombre une loi pour que le gouvernement de la cité leur soit entièrement confié. Résultat, la volontaire Praxagora se retrouve à la tête d’un gouvernement qui propose une refonte totale du fonctionnement de la société, dont le partage des biens (communisme) et de nouvelles lois pour donner plus de liberté aux femmes.
Au début, j’ai cru à une fable féministe, de celles qui égratignent drôlement la société patriarcale. C’était mal connaître l’histoire du féminisme, qui ne naît en Angleterre avec les Suffragettes qu’à partir de... 1865. En fait, pour Aristophane, les projets de constitution qui animent le Landerneau politique de l’Athènes de l’époque sont tout aussi ridicules et irréalistes que si l’on confiait le pouvoir aux femmes. OK… Aristophane était bien un homme de son temps, drôle sans doute, mais pas avant-gardiste pour une drachme.
La version plus contemporaine imaginée par Pascal Péron et interprétée par la troupe La Grande Carriole, prouve malheureusement que la société ne fait que soubresauter depuis la nuit des temps en ce qui concerne la question de l’égalité entre les femmes et les hommes. Et si cela n’était que pour cette cause…
Pour ne pas oublier la parole de Praxagora et d’autres femmes historiques ou mythiques, l’artiste américaine Judy Chicago a créé l’œuvre The Dinner Party, dans la mouvance naissante de l’art féministe des années 70. Son œuvre représente une table de banquet triangulaire de 39 convives. Les noms de 999 autres femmes figurent en lettres d’or sur le socle de l'œuvre, dont Praxagora, associé au nom Sophie. Coïncidence ? Je ne crois pas…
Je vous invite vivement à aller applaudir La Grande Carriole, troupe de théâtre de Landerneau, lors de ses prochaines représentations :
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Saint-Divy le dimanche 8 mars à 17h
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Landerneau
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Morlaix
L’occasion d’admirer Nelly, blogueuse ET comédienne, sur les planches !
Informations pratiques :
Réservations et Renseignements : 06 26 07 83 21, fonderie29@aol.com
Tarifs : 8€ et 6€ - Gratuit jusqu’à 10 ans