J’ai testé la BD « J’ai vu les soucoupes » de Sandrine Kerion
Je connais Sandrine par l’intermédiaire d’Audrey, une de mes meilleures amies. Audrey a animé pendant un bon moment le blog « J’ai testé Saint-Brieuc ». Et pour l’anecdote, la bannière du blog est signée Sandrine Kerion !
Sandrine et moi avons fêté plusieurs anniversaires ensemble, et au moins un nouvel an. A la lecture de « J’ai vu les soucoupes », j’ai compris que je ne connaissais que « la Sandrine d’après » : jeune adulte singulière, passionnée par la bande dessinée, un peu méfiante, un peu fragile, maîtrisant le second degré à la perfection. Cette chanson d’Anne Sylvestre pourrait bien la décrire, comme elle m’aurait bien décrite à l’époque également.
Pour rien au monde, je ne voudrais revivre mon adolescence ! Celle de Sandrine m’a rappelé la mienne par certains aspects. Comme l’ostracisation scolaire, qui conditionne à pas mal de croyances limitantes et une faible estime de soi, même devenu adulte :
Malheureusement, le harcèlement scolaire (encore pire aujourd’hui avec le cyber harcèlement) est assez commun : il touche 10% des collégiens et 4% des lycéens. Avec le recul, je suis sûre que tous les « ratés du cœur » comme Sandrine et moi, souhaitons aux beaux gosses des collèges d’alors, d’avoir du bide et du cholestérol, et d’être aujourd’hui restés scotcher aux souvenirs de leurs glorioles passées. (Vous la sentez ma rancœur ?! haha)
Pourtant, il ne s’agit pas dans « J’ai vu les soucoupes » d’une « banale » histoire de collégienne paumée. Il s’agit – comme le titre de la BD l’indique – de l’histoire de Sandrine qui a vu des soucoupes volantes. Il s’agit de l’histoire de « la Sandrine d’avant » celle d’après.
« Persuadée d’être une élue chargée par les aliens d’une mission envers l’humanité [...] Sandrine sombre peu à peu dans les théories du complot et autres thèses révisionnistes. » Comment a-t-elle pu être aussi crédule ? « Pour en venir à croire à tout et n’importe quoi, il suffit… d’en avoir besoin. »
Je crois que c’est la première fois que je lis une BD documentaire aussi passionnante. Tous les rouages des théories du complot (ici celles liées à l’ufologie : discipline se rapportant aux phénomènes des OVNI) sont démontés et mis en perspective. Lorsque l’on a besoin de se raccrocher à quelque chose, de se construire une base moins mouvante que celle offerte par sa famille ou ses amis (lorsqu’on en a), il est très facile de mettre un doigt dans l’engrenage et de se laisser happer par le premier gourou ou théoricien venu.
Et il est malheureusement très difficile de s’en sortir, d’abandonner ses illusions et de revenir à la réalité. « Cette bande dessinée est le résultat de près de quinze années de cheminement personnel et intellectuel. […] L’intention qui m’anime est purement pédagogique. J’utilise mon vécu comme support pour décortiquer un contexte social et personnel qui m’a fait basculer vers des théories extrémistes. […] Si j’ai décidé de le raconter maintenant, c’est pour que cela soit utile à d’autres. Car je vois ressurgir depuis quelques années des théories qui ont bousillé une partie de ma vie. »
Bravo à l’autrice, car il faut un sacré courage pour se dévoiler, se mettre à nu, encore plus lorsque l’on se sait lu par sa famille, amis et collègues.
« J’ai vu les soucoupes » est la première bande dessinée de Sandrine Kerion, éditée par La Boite à Bulles. Cette année (en Octobre) paraîtra également dans la même maison d’édition « Mon rond-point dans ta gueule », un portrait de militants gilets jaunes, que la dessinatrice réalise depuis 2018 et publié dans un premier temps via un blog sur le site de Mediapart.
Sandrine est déjà passée par le Finistère pour une séance de dédicaces à Quimper chez Librairie & Curiosités. En attendant qu'elle revienne nous voir, cette fois-ci, dans le nord du département, je vous encourage à aller chez votre libraire préféré, comme par exemple Les passagers du livre à Landerneau, pour obtenir votre exemplaire de « J’ai vu les soucoupes ». Je suis impatiente de lire vos avis !