J'ai testé assister au Marathon d'Athènes

Publié le par Sophie

Voici le journal de bord de mon séjour à Athènes, dans le cadre du jumelage entre Quimper-Lavrio. J'ai choisi cette première photo illustrative me représentant bien en train de regarder mes copains marathoniens franchir la ligne d'arrivée à l'occasion du Marathon d'Athènes. 😜

Pour celleux que cela intéresse, n'hésitez pas à partager vos expériences et bons plans en commentaires. J'ai hâte de vous lire. 

Et bon voyage à travers ce récit !

 

 

 

Jour 1

La ville d'Athènes est complètement foutraque et brinquebalante. Il n'y a pas un mur sans tags, un pavé mieux nivelé que l'autre. De toit-terrasses en balcons, rien n'est uniforme et tout reste à peaufiner. Bien sûr, il y a les beaux quartiers avec les mêmes boutiques, les mêmes gens riches et les mêmes chirurgies esthétiques 💋 qu'ailleurs. Mais le reste de la ville appartient aux charmeurs, aux intellos, aux geeks, aux ados, aux vieillards qui s'habillent en sombre de la tête au pied. Il semblerait que le noir soit la couleur préférée des Grecs. Tout comme celle des popes et de leurs nonnes qui courent les rues, obséquieux et très respectés. Nous avons pris le bateau direction Egine, l'île aux pistaches, la principale productrice de pistaches du pays. Une vraie journée "carte postale" : murs blancs et eau turquoise, baignade, salade grecque et tzatziki, glace (à la pistache) en admirant les amulettes Matiasma (oeil bleu protecteur), superstition très répandue notamment en Grèce et en Turquie.

 

J'ai testé assister au Marathon d'Athènes
Jour 2

La Grèce est connue pour sa délicieuse cuisine méditerranéenne. Je le réalise chaque jour, à chaque repas depuis que je suis arrivée. Ici, la cuisine est saine, authentique, de saison, fait-maison, variée, etc. Les superlatifs ne sont pas de trop pour que vous puissiez bien imaginer comme on se délecte ici. 🤤 D'où nos conversations sur la différence entre hédonisme et épicurisme. Et oui, nous ne sommes pas qu'un groupe d'Apollons et d'Athenas : nous en avons de la matière grise et de la philosophie de comptoir à revendre, entre deux descentes de pintes Mythos. Avant de déjeuner au pied de l'acropole, nous traversons les marchés de Tsimentoupolis ("ville de béton" le surnom flatteur d'Athènes par ses habitants) : boucherie, charcuterie, poissons, fruits et légumes, épices, "bazar" (dont des montagnes d'épingles à nourrice pour les marathoniens et des décorations de Noël pour décembre à venir). Je n'ai pas vu beaucoup d'autochtones les yeux rivés sur leur iphone 16 (clin d'œil à Camille, la benjamine de notre groupe). Il vaut mieux être attentif à l'endroit où l'on pose ses pieds. Le moindre faux pas, on a vite fait de trébucher ou de tomber (littéralement) dans un petit resto. L'oeil bleu (Matiasma) nous porte bonheur et nous restons en un seul morceau jusqu'à l'heure du déjeuner durant lequel nous partageons moussaka et salade grecque. D'où nous sommes installés, la vue sur l'acropole est spectaculaire. Je ne savais pas que le site surplombait toute la ville. C'est impressionnant, presque surréel. Et tellement beau. Nous nous mettons en chemin pour découvrir de plus près l'emblématique site... Une fois de plus à couper le souffle. C'est incroyable ce que les hommes sont capables d'imaginer et de construire (avec une grosse poignée d'esclaves). Et "Feta sur la roquette", la vue plongeante à 360 sur Athènes est inoubliable. Et pour les agoraphiles comme moi, l'endroit est un pur bonheur. 😜

J'ai testé assister au Marathon d'Athènes
Jour 3

J'ai découvert hier soir les plans de courses et les différents régimes alimentaires des marathoniens pour lesquelles ce voyage à Athènes a été organisé. Il y a deux écoles bien distinctes : l'équipe des épicuriens composée d'A-G, Camille et Anthony coure aux pâtes, protéines, eau sans alcool, avec une jauge de repos au max, et l'équipe des hédonistes avec Sylvain et Pierre pour qui il n'y a ni règles, ni frustrations. Spoiler alert : au bout de la course des 42,195 km, les résultats sont sans appel et sans surprise. Le karafaki et l'ouzo n'ont pas eu les effets escomptés. C'est plutôt la foule enthousiaste qui remplit les impressionnantes tribunes en marbre du stade Parathanaikos qui donnent des ailes aux athlètes sur les 100 derniers mètres et la musique à 170 bpm à fond les ballons qui résonnent dans tout Athènes. Tous nos marathoniens épicuriens et hédonistes ont franchi avec bonheur la ligne d'arrivée. C'est l'arrivée de A-G, notre première finisheuse (sur le 10km), qui m'a le plus marquée. Dès que nous l'avons vue entrer dans le stade, nous l'avons encouragée de tous nos coeurs et poumons. Elle a réussi à nous repérer grâce au drapeau breton que nous agitions frénétiquement. Et l'éclat de son sourire, je ne l'oublierai jamais. C'était beau à voir, ce bonheur. 🥹 Ces regards complices entre foule et athlètes vont se succéder toute la matinée. Et lorsque ces derniers rejoignent leurs amis dans les gradins avec des jambes en bois pour grimper les marches traitres et inégales du Parathanaikos, c'est la fête, les embrassades, les félicitations aux champions, et l'euphorie de la montée d'adrénaline et la fierté de l'effort accompli pour celleux qui brandissent leur belle médaille du marathon "authentique", l'un des plus exigeant au monde. Autrement dit : une ambiance fooooolle. Après toutes ces émotions, nous rentrons clopin-clopant à l'hôtel, chacun dans ses pénates pour récupérer (car nous sommes levés depuis 5h30 du matin, afin que les sportifs ne souffrent pas trop de la chaleur pendant leur course) pour être au tacquet pour les 45 ans d'Anthony, le champion de notre groupe, qui a terminé son marathon en 3h56. C'est une alerte sur notre groupe whatsapp qui me réveille de ma sieste. Les marathoniens sont déjà en train de se réhydrater au bar. Je les retrouve autour d'une grande table, cramés du visage et posey, trinquant à leurs exploits. Après ça sera une soirée Ό,τι γίνεται στην Αθήνα, μένει στην Αθήνα. Sachez seulement que l'on a rencontré @captainfun (l'équivalent de notre @legenialclub) qui fêtait le marathon de sa soeur Trish, et plus rien ne fut jamais comme avant. Je me souviens juste la fin de soirée avec le gentil Nikos, Camille, Sylvain, Pierre et Anthony sur un rooftop pile face à une acrolopole illuminée et théâtrale. Nous sommes restés bouches-bées et cela ne nous arrive pas souvent. 😁

J'ai testé assister au Marathon d'Athènes
Jour 4
Après notre escapade à Athènes, nous prenons la direction de Lavrio, ville de 10 000 habitants avec laquelle Quimper est jumelée depuis 2008. Lavrio est située sur la côte est de l'Attique, à environ 1h de route de la capitale, et est connue pour son passé minier. Nous avons hâte de voir ça et de rencontrer nos correspondants grecs. Dans le minibus, on s'invente des charades avec Aël, 6 ans. On lit, on dessine. On s'amuse à loucher également. Le voyage ne serait pas le même sans Aël. Qui pour nous réveiller en fanfare dès 8h du matin avec un nez de clown en Babybel ? ça m'a fait rire, je me suis souvenue que moi aussi je faisais ça à son âge. Le passé industriel de Lavrio est assez discret. Le centre-ville est charmant, propret et ressemble plus à une station balnéaire qu'à une grande usine délabrée à ciel ouvert. Nous déjeunons dans une taverne spécialisée dans les plats de poissons : le choix est vaste (Psari Plaki, Kakavia, Psito Psari, Marides Tiganites, Gavros Marinatos, Sardeles Sti Skara…) et le poisson extra-frais. Et les chats du quartier ne s'y trompent pas et attendent patiemment au pied de nos chaises. Pendant le déjeuner, Françoise, la présidente du comité de jumelage Quimper-Lavrio, nous explique que les mines de la ville furent exploitées dès le Néolithique et devinrent un pilier économique de la cité athénienne à l’époque classique. L’argent extrait (équivalent à des tonnes chaque année) finança notamment la flotte de trirèmes qui permit à Athènes de vaincre les Perses lors de la bataille décisive de Salamine en 480 av. J.-C. Cette victoire, cruciale pour la civilisation grecque et occidentale, repose en partie sur le travail de 20 000 esclaves dans ces mines. Déclinant dès le Ier siècle av. J.-C., les mines furent réactivées en 1860 grâce à Andreas Kordelas et Giovanni Battista Serpieri. Ensuite, c'est la Compagnie française des mines du Laurion (CFML) qui prit le relai et exploita ces mines de plomb argentifère de 1877 à 1977. Dans l'après-midi, nous visitons le Musée minéralogique de Lavrio. L'objectif du musée est de valoriser l'un des aspects les plus importants de la richesse naturelle de la région : les minéraux. J'y vais un peu à reculons : voir des pierres, ça va 5 minutes... Et bien j'ai été complètement ébahie par le monde des aragonites, smithsonites, ktenasites, et autres takovites. Environ 610 types de minéraux ont été identifiés à Lavrio, ce qui correspond à environ 15 % des minéraux reconnus dans le monde ! Ce qui fait de Lavrio, l’un des sites les plus appréciés au monde en matière de variété minérale. Ensuite, Aël a voulu qu'on creuse au hasard dans la parcelle du musée pour chercher des minéraux. J'étais plutôt partante pour aller boire un verre au port avec nos amis grecs de Lavrio. Comme c'est un enfant de 6 ans, il n'a pas eu d'autre choix que de me suivre. L'avantage d'être adulte, n'est-ce pas. 😉
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Jour 5
Le lendemain, nous prenons nos cliques et nos claques, nos spartiates et nos pétases, pour visiter le site archéologique de la vallée Souriza. Le site est inscrit sur la liste indicative de l'Unesco depuis 2014, et abrite puits, galeries et ateliers témoignant de l'activité minière accrue au VIe siècle av. J.-C. C'est Irini, qui fait partie du comité de jumelage Quimper-Lavrio, qui nous offre la visite guidée en anglais. Contrairement aux langues latines comme l'italien ou l'espagnol, il est impossible de comprendre une conversation en grec à moins de l'avoir appris. Irini nous décrit chaque étape de l'extraction minière telle qu'elle se passait dans l'antiquité, et les innovations de l'époque pour faciliter le travail (en plus de l'exploitation de milliers d'esclaves, souvent adolescents). C'est incroyable de voir tous ces vestiges et les reconstitutions. Nos conclusions à tous : nous n'avons rien inventé, et nous n'avons pas tant que ça évolué (malheureusement). Il se met à pleuvoir pour le plus grand bonheur d'Irini : ce sont les premières gouttes de pluie depuis 9 mois. Cet été encore, la Grèce a du faire face à de multiples incendies de forêt, souvent incontrôlables, et dont les fumées peuvent parfois étouffer les habitants d'Athènes. Nous nous réjouissons donc pour les Grecs, et pestons intérieurement et égoïstement contre le dieu des vents Éole, car ce n'est pas pour cette fois-ci que nous pourrons admirer le coucher de soleil à Cap Sounio, où trône le majestueux Temple de Poséidon. Érigé entre 444 et 440 av. J.-C. en remplacement d’un temple archaïque détruit par les Perses en 480 av. J.-C., le Temple de Poséidon témoigne de l'essor athénien sous Périclès. De type hexastyle (édifice qui présente six colonnes de front), il comptait 38 colonnes en marbre blanc, dont 15 subsistent aujourd’hui. Au centre se trouvait une statue en bronze haute de 6 mètres représentant Poséidon, dieu de la mer. Le site, rénové récemment, demeure un lieu majeur du patrimoine grec, et même sous la pluie, reste magique. Petit mémo pour reconnaître Poséidon dans les musées et briller en société : Poséidon est représenté avec un trident, un dauphin ou un thon, et assimilé par les Romains au dieu Neptune.
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Jour 6
Parce qu'on en a jamais assez de faire des musées et des sites archéologiques quand on est en Grèce, notre dernier jour est consacré à la visite du site de Vravona et de son petit musée attenant. Vravrona, ou Brauron en grec ancien, est un site paisible niché au cœur de collines couvertes de vignes. Considéré comme l’un des sanctuaires les plus anciens dédiés à Artemis en Attique (avec celui d'Ephèse), il remonte à l’époque archaïque. Petit mémo sur la déesse Artémis pour briller en société : Elle est la fille de Zeus et de sa maîtresse Léto, et la sœur jumelle d’Apollon. Elle est la déesse de la chasse, de la nature sauvage, de la lune et de la chasteté. Protectrice des jeunes filles et des animaux, elle est souvent représentée comme une jeune femme portant un arc et un carquois, accompagnée de cerfs ou de chiens de chasse. Le site est très paisible et empreint d'une certaine spiritualité. Le sanctuaire était un important centre de pèlerinage où des jeunes filles dansaient en l'honneur d'Artemis lors des festivités des Brauronia, qui avaient lieu tous les quatre ans. Le bâtiment le plus imposant du sanctuaire est la « stoa des Arktoi », aussi appelée salle des Ourses, dont la structure est en forme de Π. Il comprenait au total 9 chambres, qui accueillaient 99 lits en bois. De nombreuses statues représentant des filles et des garçons âgés de dix à douze ans ont été découvertes devant ces chambres. Le musée présente des milliers d'objets découverts dans le sanctuaire d'Artemis et ses environs, tels que ces fameuses statues, mais aussi des vases, des offrandes, des bijoux, des bas-reliefs et des objets de la vie quotidienne. Ces découvertes offrent un aperçu fascinant de la grandeur historique du sanctuaire d'Artemis. Nous en prenons pleins les mirettes et n'aurons jamais assez d'une journée pour appréhender toutes les histoires, celles des hommes et celles des dieux de la mythologie grecque. Pour nous consoler d'être de simples mortels, nous avons rendez-vous dans une taverne de Lavrio pour partager l'ultime verre de l'amitié de ce séjour avec nos amis du jumelage Quimper-Lavrio. Nous trinquons au rakomelo (raki chaud au miel) et d'un seul chœur nous écrions : Yamas ! ... tout content d'avoir l'impression de parler couramment grec.
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